Forteresse de Montrond

Construit dès le début du XIIIe siècle (1225) sur une butte calcaire naturelle, le premier château de pierre occupe une position stratégique qui commande les voies de passage formées par les vallées du Cher et de la Marmande.

Si la première enceinte est attestée dès le premier quart du XIIIe siècle, la véritable topographie du château est encore mal connue pour cette période. La base d'un puissant donjon cylindrique dégagée (près de 16 mètres de diamètre pour une épaisseur de maçonnerie supérieure à 4 mètres à sa base) en est aujourd'hui le témoin le plus significatif.

On distingue un ensemble constitué par une grande salle construite en avant de l?enceinte primitive, et fermée sur l?extérieur par deux tours rondes défensives, soigneusement appareillées et une terrasse semi-polygonale de même qualité architecturale, dans laquelle s?inscrit un puits de près de 30 m de profondeur pour un diamètre de 2 mètres. L'une des deux tours rondes, dite «tour de l'Horloge» conserve aujourd'hui une belle élévation. La base de la seconde a fait l'objet d'un important travail de restauration, avec la restitution des pierres de parement.
Si les travaux sont achevés pour cette partie, la « tour de l'Horloge », ouverte sur l'intérieur au niveau de son raccord avec le bâtiment dit de la grande salle dont ne subsiste que la base des murs, pose aujourd'hui un réel problème de conservation qui ne pourra être résolu que par l'installation d'une véritable « couverture » destinée à protéger de manière durable ce témoin le mieux conservé d'architecture médiévale.

Si la période tumultueuse du XVIe siècle, marquée par les guerres de religion, s'est traduite par une forte dégradation du monument, on connaît peu de choses sur son évolution au cours de cette période troublée.

Le véritable essor de Montrond se situe incontestablement au XVIIe avec Maximilien de Béthune, Duc de Sully, puis les Condé. C'est la période la mieux connue, par les sources documentaires et l'iconographie.

Racheté en 1606 par le célèbre ministre d'Henri IV, par ailleurs «grand maître de l'artillerie», le château se trouvait dans un état de délabrement proche de la ruine, après avoir traversé cette époque troublée du XVIe siècle.

Sully s'attache dans un premier temps à restaurer, agrandir et embellir l'ancien château-fort, pour en faire une résidence luxueuse et au goût du jour dont les documents anciens et les éléments architecturaux mis au jour par les fouilles attestent clairement la qualité. Parallèlement, il modernise le système défensif qui ne répond plus aux contraintes liées à l'évolution de l'artillerie.

Henri II de Bourbon, prince de Condé, à qui le bien est cédé en 1621, poursuit alors à très grande échelle l'oeuvre de son prédécesseur pour faire de Montrond la forteresse redoutable qui causera tant de soucis aux armées royales lors de la Fronde. Pour fortifier la place, il engage un spécialiste, Jean Sarrazin, qui travaille pendant plus de dix ans à la conception et à la réalisation du puissant réseau de fortifications bastionnées étagées sur les pentes de la colline. Pensé pour éliminer les angles morts, il atteint une longueur cumulée d'environ 5000 m.

Louis II de Bourbon, le Grand Condé, ayant pris la tête de l'opposition à Mazarin lors de la Fronde, Montrond est la dernière place forte du Berry et du Bourbonnais à tenir tête aux armées royales. Le siège commence en octobre 1651 et ne s'achève que le 1er septembre 1652, avec la capitulation d'une garnison épuisée, affamée et décimée par les maladies.

Mazarin ordonne ensuite le démantèlement de la place dont l'essentiel des ouvrages bastionnés ainsi que les accès aux cheminements souterrains sont minés. Les bâtiments résidentiels sont peu touchés par ces destructions punitives.

Faute d'entretien, habité plus ou moins épisodiquement après la Fronde, le château est abandonné vers 1735 et ses matériaux les plus intéressants démontés et vendus (charpentes, couvertures). Il est ensuite livré comme carrière de pierre à bon compte pour les habitants de Saint-Amand dans la période révolutionnaire.

C'est à partir de 1970, sous l'impulsion d'une petite équipe de curieux et de passionnés, que s'amorça une résurrection progressive d'un site prestigieux, tombé dans l'oubli.

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Association responsable

Cercle d'histoire et d'archéologie du Saint Amandois (CHASA)

CHASA
10 allée Prince de Condé
18200 St Amand Montrond

Localisation : 18200 St Amand-Montrond / Centre-Val de Loire / France