Redoute de Merville

Le premier rapport connu sur la Redoute de Merville date du 27 avril 1778, soulignant que la baie de la rivière de l'Orne est le meilleur mouillage de Normandie, donnant accès à Caen et à l'arrière-pays, d'où la nécessité d'implanter une forteresse capable d'assurer une protection à la baie, pour empêcher ainsi les vaisseaux anglais de mouiller dans la baie. Pour assurer une protection efficace, trois Redoutes sont prévues de part et d'autre de la baie de l'Orne : Merville, Ouistreham et Colleville. Elles sont édifiées selon le plan d'une forteresse en fer à cheval protégée par des murs de 5,50 m de hauteur.

C'est en 1779-1780 que Louis XVI ordonne la construction de la Redoute de Merville confiée à un certain sieur Besson. En 1781, devant les dégradations que la mer commençait à faire sur l'ouvrage, surtout lors des grandes marées, des épis en bois sont mis en place.

Une Redoute délaissée

Pendant la période révolutionnaire, la Redoute est constamment occupée et défendue, contribuant à la "lutte de la République contre les rois et les tyrans", en particulier contre l'Angleterre.

Après 1815, nos relations avec l'Angleterre s'améliorent, la Redoute est mise en sommeil et, petit à petit, laissée à l'abandon. En 1840, une commission d'inspection militaire fait l'inventaire de nos défenses côtières et le rapport concernant la redoute fait état de "l'aspect lamentable des lieux : voûtes effondrées, murs écroulés", seuls les canons s'y trouvent encore. Il est ordonné de la remettre en état rapidement mais à peu de frais. Les traces de cette première restauration se voient dans le remaillage en briques à l'intérieur, et surtout sur les murs extérieurs, matériaux provenant de la briqueterie de Beuzeval. La Redoute sert ensuite au service des douanes.

Occupation, logement et abandon

Vers 1890, la Redoute et une large bande de dunes sont acquises par Albert Foulques-Desmarais. A sa mort en 1897, la propriété est partagée entre ses neveux et nièces et tombe à l'abandon.

Abandonnée au péril de la nature et des vandales, elle est surtout occupée en 1940 par les Allemands, car la Redoute reste toujours un magnifique poste d'observation. La Redoute se trouve incluse comme élément du mur de l'Atlantique et reçoit sa part de fortifications en béton : blockhaus, murs de protection, installations pour les hommes de garde. Elle est abandonnée sans combat le 18 août 1944 mais les vestiges de cette occupation restent.

Après la guerre, une drôle de période commençait pour certains habitants car le logement est un problème crucial après les bombardements massifs du débarquement allié. Les anciens blockhaus de Merville-Franceville sont devenus des refuges et le journal Ouest-France donne le témoignage d'une famille logée provisoirement dans la redoute.

Au cours des années suivants, la Redoute de Merveille tombe dans l'oubli, laissée à nouveau à l'abandon. Elle disparut bientôt au milieu des dunes, de la végétation et des ronces.

Sauver et mettre en valeur un patrimoine

Plusieurs circonstances et la volonté ont permis de sauver la Redoute. L'Association de Défense de l'Environnement de Merville-Franceville (ADEMF) est créée le 20 octobre 1975, et parmi les fondateurs deux amis, Noël Lechevalier et Guy Herson-Macarel, se sont particulièrement investis pour qu'enfin la Redoute renaisse de ses ruines. Le 30 mars 1978, l'édifice est inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Entre temps, les dunes de Merville-Franceville sont devenues propriété du Conservatoire du Littoral.

Depuis 1983, l'ADEMF a entrepris la restauration du monument avec l'appui de la municipalité selon un programme de rénovation sous l'autorité de l'Architecte des Bâtiments de France. Dans son entreprise, l'association bénéfice aussi du soutien des DRAC, des Affaires Sanitaires et Sociales, de la Jeunesse et des Sports et du Conseil Général. En 1984, à l'initiative des membres de l'Association de Défense de l'Environnement de Merville-Franceville, une convention est signée avec le Conservatoire du Littoral et la Mairie afin que renaisse la Redoute de Merville.

Avec l'autrisation de la Direction du Patrimoine et le concours d'une section du 6e régiment du génie militaire d'Angers, le sauvetage pouvait commencer. L'intervention militaire, toute pacifique, a débuté avex 30 sapeurs volontaires, renforcs par un groupe de soldats du détachement de Carpiquet, machette à la main, les hommes ont procédé au difficile débroussaillage et au désensablage. La forteresse dégagée, les premiers travaux de restauration pouvaient commencer.

Ouverture des chantiers pour restaurer la Redoute

Depuis 23 ans, de jeunes bénévoles venant de toute l'Europe et, depuis quelques années, du monde entier, sont encadrés par des animateurs spécialisée de l'Union REMPART. Les chantiers sont placés sous le contrôle des Architectes des Bâtiments de France et de la DRAC.

Des chantiers sont organisés l'été à raison d'une équipe en juillet et une en août. On leur doit notamment la restauration de l'escalier principal, de la cheminée de la salle de garnison et la reprise à divers endroits du parement extérieur. Afin d'arrêter les intrusions fréquentes des vandales, il a été décidé de renconstruire es murs d'escarpes Est et Ouest. En 2006, les vestiges allemands de la Redoute sont démolis, car il fallait faire disparaître les verrues qui défiguraient l'intérieur de la forteresse en l'occurence les sanitaires et les murs pare-éclats.

En juillet et août 2007, les jeunes bénévoles prennent le relais pour poursuivre les travaux de reconstruction des murs de la cour à boulets commencés en 2006.

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Association responsable

Association défense de l'environnement et du patrimoine de Merville Franceville

Association défense de l'environnement et du patrimoine de Merville Franceville
14810 MERVILLE FRANCEVILLE PLAGE

Localisation : 14810 Merville-Franceville / Normandie / France